Afin d'apprécier pleinement l'oeuvre rédemptrice accomplie par Christ
dans notre humanité pécheresse corporative, nous terminerons cette
étude sur l'humanité de Christ en examinant les trois aspects du
salut réalisés par la naissance, la vie, la mort, la résurrection et
l'ascension de notre Seigneur.
Christ est venu réparer les dommages provoqués par la chute d'Adam.
Tout ce qui était nécessaire au rétablissement de l'homme déchu a déjà
été préparé dans la sainte histoire de Christ de telle sorte qu'il n'y
a rien que le croyant reçoit ou expérimente dans cette vie et dans le
monde à venir qui n'a déjà été accompli en Lui, sans exception. C'est
pour cette raison que notre foi doit être basée sur un fondement déjà
posé, c'est-à-dire Jésus-Christ (
1 Co 3 :11 ).
Comme résultat du péché d'Adam, la race humaine est devenue une
espèce ruinée. Les effets de ce péché originel ont été transmis de
génération en génération et, sans l'acte rédempteur de Dieu en Christ,
tous les hommes auraient été irrémédiablement perdus. Le péché d'Adam
nous a séparés de Dieu et tous les hommes sont dès lors nés dans un
royaume où règnent le péché et la mort. C'est pour sauver une telle
race que Christ a assumé cette humanité pécheresse condamnée.
Pour pleinement bénéficier d'un si grand salut, nous devons d'abord
comprendre les effets de la chute. Les Écritures déclarent que le
péché d'Adam a affecté la race humaine de trois façons :
spirituellement, moralement et physiquement. Examinons-les brièvement
afin de mieux apprécier la pleine valeur de l'oeuvre rédemptrice de
Christ.
PERDUS EN ADAM
1. Spirituellement
Contrairement au règne animal, l'homme a été créé comme un être
spirituel. Des études anthropologiques récentes ont démontré que même
parmi les sociétés les plus primitives, l'homme a toujours cherché à
adorer une certaine forme de dieu. C'était le plan original de Dieu
d'habiter dans le coeur de l'homme et de révéler Sa gloire par son
intermédiaire. Dès l'éternité, le dessein de Dieu a été que chaque
être créé, depuis le séraphin resplendissant et saint jusqu'à l'homme,
fût un temple honoré par la présence du Créateur.
Mais lorsque Adam s'est rebellé contre Dieu, le plan a été réduit en
poussière. Le Saint-Esprit l'a quitté sur-le-champ et la vie d'Adam a
été plongée dans les ténèbres. Ainsi s'est réalisé l'avertissement que
Dieu avait donné à nos premiers parents : « Si vous mangez de l'arbre
de la connaissance du bien et du mal, vous mourrez le jour même » (
Gn 2 :17, BFC).
Le résultat immédiat de la chute a donc été la mort spirituelle qui
s'est ensuite transmise à tous les hommes, de telle sorte que tous les
hommes sont nés dans ce monde spirituellement morts (
Ep 2 :1-5 ) et séparés de Dieu (
Es 59 :2 ).
2. Moralement
Dieu créa Adam à Son image et le mit dans un Éden sans péché. Cela
signifiait que la nature d'Adam était dominée par un amour
désintéressé (l'agapè). Il existait une harmonie parfaite entre la
sainte loi de Dieu et la nature morale d'Adam, si bien que garder la
loi était pour lui spontané et naturel. Par suite de la chute, cette
nature non pécheresse est devenue pécheresse, se plaçant sous la
domination de la loi du péché ou de l'amour de soi. Mais les facultés
d'Adam ont été perverties par la désobéissance, et l'égoïsme a pris la
place de l'amour. Sa nature a été tellement affaiblie par la
transgression, qu'il lui est devenu impossible, par sa propre force,
de résister à la puissance du mal. C'est ce qu'Ésaïe voulait dire
quand il a écrit : « Nous étions tous errants comme des brebis, chacun
suivait sa propre voie » (
Es 53 :6
). C'est à cause de ce penchant à l'égoïsme que la Bible appelle
« l'iniquité » que toutes nos bonnes oeuvres sont souillées et par
conséquent condamnées comme « un vêtement souillé » aux yeux de Dieu (
Es 64 :6
). C'est dans ce sens que la nature morale de l'homme est, depuis la
chute, totalement dépravée.
3. Physiquement.
Tant que nos premiers parents avaient accès à l'arbre de vie, leur
nature physique n'a pas connu la dégénérescence. Mais avoir été
expulsé du jardin d'Éden à cause du péché, l'homme est devenu sujet à
la maladie, à la fatigue, au vieillissement et finalement à la mort.
Et la mort étant un moissonneur inexorable, l'Écriture nous dit que
les hommes sont devenus pendant toute leur vie soumis à la crainte de
la mort (
He 2 :15 ).
RACHETÉS EN CHRIST
Christ est venu dans ce monde comme Sauveur, afin de nous racheter de
chacun des effets de la chute. « En conséquence, il a dû être rendu
semblable en toutes choses à ses frères » (
He 2 :17
). Gardant ces choses en mémoire, observons maintenant comment
l'humanité déchue a été rachetée des trois effets du péché par la
naissance, la vie, la mort et la résurrection de Christ.
1. Spirituellement
Lors de l'incarnation, la divinité de Christ a été mystérieusement
unie à notre humanité corporative dans le sein de Marie. Cette
humanité que Christ a assumée par Marie, était en fait spirituellement
morte, comme celle de tout le genre humain. Mais au moment où elle a
été unie à la divinité par l'opération du Saint-Esprit, elle est
devenue spirituellement vivante. L'humanité de Christ est ainsi
devenue, dès Sa conception, spirituellement vivante; et comme elle
constitue notre humanité corporative, ce qui est vrai de Christ est
aussi devenu vrai de nous en Lui. Quand Paul fit savoir aux Éphésiens
qu'ils avaient été rendus spirituellement vivants (
Ep 2 :1, 5
), il employa l'aoriste, un passé historique, pour bien montrer que la
vérité objective avait déjà été réalisée en Christ à l'incarnation et
non dans leur expérience subjective.
Ainsi, nous ne devons jamais comparer l'humanité de Christ avec celle
des incroyants qui sont encore spirituellement morts. Même s'il n'y a
aucune distinction entre la chair (la nature humaine pécheresse) d'un
croyant et celle d'un incroyant, il existe néanmoins deux différences
majeures entre les croyants et les incroyants :
- Un vrai croyant est une personne qui s'est repentie et, comme
le mot grec l'indique, a connu un changement d'esprit, si bien
que sa volonté est en harmonie avec Dieu et avec Sa loi (
Rm 7 :22, 25
). Paul fait référence à cet esprit converti comme étant l'homme
intérieur ou le nouvel homme (
Ep 3 :16;
4 :24
). On ne peut dire la même chose de l'incroyant dont l'esprit
est encore inconverti et reste en harmonie avec le péché et la
chair (
Ep 2 :3;
Rm 8 :7 ).
- Contrairement à l'incroyant, le croyant qui a été baptisé en
Christ est devenu spirituellement vivant par l'expérience de la
nouvelle naissance (
Rm 8 :9-11
). Cette expérience est basée sur la vérité objective qu'il a
d'abord été rendu à la vie en Christ lorsque la divinité s'est
unie à notre humanité corporative déchue.
Il s'ensuit que la nouvelle naissance, première expérience du croyant
à la conversion, est le résultat d'une réalité déjà préparée pour tous
les hommes en Christ. Et c'est cette nouvelle naissance décrite comme
les « prémices (premiers fruits) de l'Esprit » (
Rm 8 :23
) ou comme une régénération (
Tt 3 :5
) qui change toute la situation du croyant, de sorte qu'une vie sainte
et obéissante est maintenant à sa portée. Même si l'homme déchu est si
profondément dépravé qu'en lui-même et de lui-même, il ne peut se
soumettre à la loi, la même personne rendue spirituellement vivante
par l'Esprit de Dieu habitant en elle découvrira que la vie sainte est
devenue chose possible (
Rm 8 :9-10;
Ga 5 :16, 22-23
). La vie sainte de Christ devient alors l'exemple et le but d'une
personne ainsi convertie (
Ph 3 :12-14;
Rm 13 :14;
2 Co 3 :17-18 ).
2. Moralement
Être rendu spirituellement vivant ne signifie pas que la nature morale
ait été changée d'une quelconque manière. Ainsi, quand Christ a pris
sur Lui notre humanité, même si cette humanité a été rendue
spirituellement vivante, sa nature, la chair, était encore centrée sur
le « moi », pressée par la loi du péché. Par conséquent, la vie sainte
de Christ a toujours impliqué la croix du renoncement à soi (
Lc 9 :23 ).
Tandis que l'esprit de Jésus était pleinement soumis à la volonté de
Dieu, de sorte qu'aucune inclination ou tendance au péché ne s'y est
établie, Sa chair était dominée par le principe qui affecte tout le
genre humain, le principe de l'égoïsme. Et ainsi, dans Son cas, vivre
saintement n'était pas simplement une question de suivre les
inclinations naturelles de Sa nature humaine, comme c'était le cas
d'Adam avant la chute; mais cela impliquait une lutte constante contre
« la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la
vie. » Quand Jésus disait à Ses disciples : « Prenez courage, j'ai
vaincu le monde. » (
Jn 16 :33
), cela incluait aussi Sa victoire sur la chair (voir
1 Jn 2 :15-16
pour la signification du mot « monde »).
Une telle compréhension de la vie sainte de Christ donne une
signification plus profonde et plus complète à Sa mission rédemptrice.
Dans ce contexte, The International Critical Commentary fait une
observation des plus intéressante sur l'énoncé de Paul dans
Romains 8 :3,
qui déclare que Christ « a condamné le péché dans la chair », une
chair semblable à la chair pécheresse. « Mais si nous reconnaissons
que Paul croyait que le Fils de Dieu avait assumée la nature humaine
déchue, nous serons probablement enclins à voir dans ce texte une
allusion à la guerre permanente de Sa vie terrestre dans laquelle Il
força notre nature rebelle à rendre une parfaite obéissance à
Dieu. »
Selon Pierre, toutes les souffrances qui ont produit en Lui ce
caractère parfait ont eu lieu dans Sa chair (
1 P 4 :1
). Et cela ne pouvait être possible que parce que Sa chair était
semblable à notre chair pécheresse et qu'Il ne l'abandonnait pas aux
désirs pécheurs. Mais nous avons ici une partie essentielle de la
bonne nouvelle de l'évangile qui devrait nous remplir d'une profonde
appréciation de Sa justice et nous donner à notre tour le désir de
souffrir dans la chair pour qu'Il en soit glorifié (
Rm 8 :16-18 ).
Ayant réalisé une obéissance parfaite en triomphant totalement et
complètement de la chair pendant 33 ans, Christ a pris cette chair
condamnée et l'a soumise au salaire du péché sur la croix. Il a ainsi
condamné le péché dans la chair par Son obéissance active comme par
Son obéissance passive et Il est devenu pour toujours l'auteur et
l'exécuteur final du salut pour tous ceux qui croient (
He 5 :8-9
). C'est sur cette connaissance d'un salut total et parfait que
repose l'espérance de l'homme déchu. Et cette espérance est double :
« la justification pour la vie » de même que « la sanctification de
l'Esprit », les deux devenant réalité dans notre expérience par la foi
seulement.
3. Physiquement
Quand Christ a assumé notre humanité pécheresse, Il ne S'est pas
seulement identifié à nos faiblesses morales, mais Il a aussi pris sur
Lui nos infirmités physiques. Il est ainsi devenu sujet à la fatigue,
au vieillissement et à la mort. Mais après avoir racheté et purifié
notre humanité pécheresse à la croix, Jésus est ressuscité des morts
avec un corps glorifié, tant au niveau moral que physique. Il l'a
ensuite emporté au ciel lors de Son ascension, où il nous est réservé
pour la seconde venue. C'est ici la « bienheureuse espérance » de tous
les croyants nés de nouveau (
Rm 8 :23-25;
Ph 3 :20-21 ).
À la lumière de cette bonne nouvelle si merveilleuse et si parfaite,
l'humanité de Christ est vraiment « tout pour nous. » Cet évangile
parfait, suffisant et complet en Christ, qui fut autrefois prêché par
les apôtres, doit de nouveau être prêché dans ce monde triste et
condamné avant que la fin de toutes choses n'arrive. « Comment
échapperons-nous en négligeant un si grand salut, qui, annoncé d'abord
par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l'ont entendu? » (
He 2 :3 ).
« Et l'Esprit et l'épouse disent : Viens. Et que celui qui entend
dise : Viens. Et que celui qui a soif vienne; que celui qui veut
prenne de l'eau de la vie, gratuitement » (
Ap 22 :17 ).
AMEN!