À la session de la Conférence générale de 1888, Dieu envoya un message
« très précieux » à l'Église Adventiste. Il présentait plus pleinement
le Sauveur crucifié, révélant « les charmes incomparables du Christ ».
Ce message était non seulement conçu pour redonner la joie, la paix et
l'assurance au peuple de Dieu, ce qui lui avait été ôté par une
insistance démesurée sur la loi et une prédication incorrecte de
celle-ci, mais aussi pour le remplir de l'amour néo-testamentaire,
ouvrant ainsi la voie au Seigneur pour qu'Il éclaire la terre de Sa
gloire.
(
Ap 18.1)
Ce message fut identifié [par la servante du
Seigneur] comme « le message du troisième ange en vérité » et s'il avait
reçu libre cours, il aurait abouti à l'achèvement de l'oeuvre confiée
à l'Église du reste.
Quelle était l'essence de ce message de 1888?
- Il reconfirma ce que les Réformateurs avaient déjà retrouvé :
que l'oeuvre complète de notre rédemption a été accomplie par la vie
et la mort du Christ. Cependant, il alla au-delà de l'accentuation
théologique du seizième siècle en ce sens qu'il enseigna non seulement
une rédemption légale de la culpabilité du péché et de son châtiment,
mais aussi une rédemption de la puissance et de la domination du
péché. Le Christ fut alors présenté comme un Sauveur nous délivrant de
chacun et de tous les aspects du péché, y compris notre nature
pécheresse. En identifiant l'humanité du Christ à notre humanité
corporative, pécheresse et condamnée, ce message présenta le Christ
comme devenant un avec nous, S'identifiant avec notre faiblesse et
notre fragilité spirituelles, tout en effectuant notre rédemption
totale et complète du péché et de sa tyrannie. Dans la victoire et la
justice du Christ furent révélés l'amour de Dieu et Sa puissance sur
le péché. En conséquence, à tous ceux qui reçoivent le Christ par la
foi, est aussi donnée l'espérance, non seulement d'une justice légale
lors du jugement, mais aussi d'une délivrance du principe du péché qui
domine la chair pécheresse. Le Christ peut ainsi être considéré
juste.
- Le message de 1888 présente donc la justification par la foi
comme étant plus qu'une justice légale propre à satisfaire le souci
égocentrique de l'homme pour son salut. Ayant rendu l'homme juste dans
Son humanité, le Christ devient pour toujours notre Sauveur et nous
délivre non seulement de la culpabilité et de la punition du péché,
mais du péché comme tel. Car la foi en Christ, « la substance des
choses qu'on espère », inclut également la victoire sur le péché pour
celui qui croit (cf.
He 11.1).
En d'autres termes, la foi a reçu une
signification dynamique par laquelle la victoire du Christ sur la
chair pécheresse peut devenir l'expérience de tous les croyants. En
manifestant Sa justice dans l'humanité du Christ, c'est-à-dire dans
notre humanité corporative pécheresse, Dieu ne nous a pas seulement
sauvés juridiquement mais Il a aussi démontré une fois pour toutes
qu'Il peut « sauver parfaitement tous ceux qui viennent à Lui »
(He 7.25).
Celui qui possède une telle foi jouit d'un sentiment total de
sécurité et de confiance, à cause de son union avec le Christ. Or, une
telle union fondée sur la foi ne s'arrête pas à prétendre « je suis
sauvé » mais, ce qui est plus important, désire vivement témoigner et
manifester le Christ au monde pour Son honneur et Sa
gloire.
- En identifiant la mort du Christ sur la croix comme la seconde
mort, c'est-à-dire « adieu » à la vie à tout jamais, le message de 1888
présente la véritable nature du sacrifice suprême du Christ. Sur la
croix, Il s'est réellement soumis au « salaire du péché », l'équivalent
de la mort éternelle, afin que nous puissions vivre à Sa place.
C'était là la vraie gloire de l'amour divin qui se sacrifie, manifesté
sur la croix et devant produire un effet profond sur le croyant (cf.
Jésus-Christ, p. 757). Un tel amour est destiné à remplir le coeur du
croyant de la haine du péché comme tel et non pas simplement d'une
crainte du châtiment. Cet amour néo-testamentaire, instauré dans le
coeur du croyant, devient le fondement de sa sanctification. En effet,
l'amour devient l'accomplissement de la loi
(Rm 13.8-10;
Ga 5.13-14;
2 Jean 6).
La justice que la loi de Dieu exige des pécheurs, c'est la
seconde mort. Sur la croix, le Christ a souffert la mort pour tout
homme
(He 2.9).
Comme la Réforme était encore attachée à l'hérésie de
l'immortalité naturelle de l'âme, la notion de « salaire du péché »
reçut une définition déficiente et la croix fut privée de sa véritable
gloire. C'est seulement lorsque les membres de la famille humaine
comprennent la vraie grandeur du sacrifice du Christ sur la croix
qu'ils abandonnent tout et Le suivent avec la véritable motivation de
la foi. Une telle motivation est essentielle si l'on veut arriver à
une véritable sanctification. Car sans une foi authentique, la
sainteté de la vie quotidienne ne devient qu'une simple démonstration
extérieure et non une expérience du coeur.
- La relation correcte entre la justification et la sanctification
fut rétablie par le message de 1888. Dans la justification par la foi,
le croyant s'identifie au Christ crucifié. Ceci rend non seulement la
justification légale préparée en Christ effective en nous, mais une
telle obéissance de foi à l'évangile permet au Christ de vivre dans
une telle personne par Son Esprit. Ainsi, la sanctification concrétise
dans le croyant, au moyen de la justification par la foi, ce qui est
déjà une réalité en Christ. Donc la justification par la foi, selon le
message de 1888, n'est pas simplement une justice légale imputée au
compte du croyant dans le ciel, mais c'est aussi la grande vérité de
« Christ en vous, l'espérance de la gloire »
(Col 1.26-27).
Le mystère
de la piété manifesté dans l'humanité du Christ, « Dieu manifesté dans
la chair »
(1 Tm 3.16)
devait être l'expérience de l'Église du reste
par la réception du message de 1888 (cf.
Ap 10.7). Cette expérience
fut identifiée comme étant la « purification du sanctuaire »,
« l'effacement des péchés », « l'expiation ou la réconciliation finale »
et « la préparation de l'épouse » pour les « noces de l'Agneau ». C'était
donc un message conçu pour préparer un peuple pour le retour du
Christ.
- Le message de 1888 comporte aussi la présentation d'une
christologie correcte. En Christ, la divinité s'unit à notre humanité
pécheresse corporative qui avait besoin d'être rachetée. C'était la
seule façon dont le Christ pouvait Se qualifier pour être le second
Adam (en hébreu, Adam signifie « la race humaine ») et devenir
légalement notre Représentant et notre Substitut. En prenant sur Lui
notre humanité pécheresse, Il ne devint pas pécheur, pas plus qu'en
touchant le lépreux Il ne devint souillé. Il prit sur Sa nature divine
non pécheresse notre nature humaine pécheresse et démontra à la fois
Son amour pour les pécheurs et Son pouvoir sur le péché. Ainsi, Il
devint pour toujours le Garant de l'homme, non seulement en termes de
justice légale imputée, mais aussi dans sa lutte contre la domination
du péché.
Le message de 1888 mit clairement l'accent sur le fait que le Christ a
été « fait péché pour nous », ce dont Il n'avait pas hérité par nature.
Par conséquent, Il ne pouvait pas être considéré pécheur comme nous.
Il a été « fait péché » afin de pouvoir nous racheter du péché. De même,
nous sommes « faits en Lui justice de Dieu »
(
2 Co 5.21). Voilà la vraie
« Bonne Nouvelle », « le message du troisième ange en vérité », procurant
l'espérance à toute la race humaine et capable de produire un peuple
qui a la foi de Jésus et le démontrera par son obéissance à la loi de
l'amour « agapé »
(
Ap 12.17;
14.12).
Évaluation du Message de 1888
- Alors que la Réformation commença au seizième siècle à restaurer
l'évangile, nous pouvons affirmer sans nous tromper que le message de
1888 poussa ce rétablissement à son zénith en termes de maturité, et
fut « le commencement de la pluie de l'arrière-saison et du grand cri ».
S'il n'avait pas été contrecarré par notre propre incrédulité, il
aurait fait mûrir le grain pour la moisson (cf.
Ap 14.12-16).
- Allant plus loin que la justification légale de « l'évangile de
la Réformation », le message de 1888 présente le Christ comme le
Rédempteur arrachant l'homme à l'esclavage du péché
(Rm 6.18-22;
7.24-25).
En identifiant Son humanité avec notre humanité pécheresse,
déchue et corporative, le Christ S'est approché tout près de nous,
devenant « un avec nous », en vérité, un Frère aîné semblable à nous « en
tous points »
(He 2.14-18;
4.15).
Ainsi Son salut signifie tout pour
nous pécheurs, maintenant comme au jour du jugement. En Christ,
l'homme pécheur reçoit donc la pleine espérance d'être à la fois
délivré de la loi et de la malédiction du péché, ainsi que de la
puissance et de la domination du péché.
- La distinction correcte entre une justification purement
juridique, qui donne à l'humanité entière une position légalement
acceptable
(Rm 5.19)
et la justification par la foi, fut restaurée par
le message de 1888. Une obéissance sincère fait suite à cette
justification légale
(Rm 6.17).
La justification par la foi crée dans
le coeur une obéissance néo-testamentaire dont le fruit mène à la
sainteté
(Rm 6.22).
La relation entre la justification et la
sanctification se trouva ainsi rectifiée, les deux étant présentées
dans le message de 1888 comme des composantes vitales de la doctrine
de la justification par la foi.
- Ce message donné aux Adventistes du Septième Jour est unique.
Une responsabilité spéciale nous est confiée. Car les Réformateurs du
seizième siècle n'ont pas présenté « le message du troisième ange en
vérité ». Cette compréhension claire de l'évangile est le moyen mis en
oeuvre par Dieu pour produire un réveil dans le monde et accomplir au
sein de Son peuple une oeuvre parallèle à celle que le Christ poursuit
en ce moment en tant que Souverain Sacrificateur dans le lieu très
saint du sanctuaire céleste. La véritable compréhension adventiste du
sanctuaire est, elle aussi, unique. Ainsi, ces deux grandes vérités de
la justification par la foi et du sanctuaire se rencontrent dans le
message de 1888. Elles vont encore éclairer toute la terre de Sa
gloire et préparer la voie pour le retour de notre
Seigneur.