COMMENT RECONNAÎTRE LA VÉRITÉ SUR LA JUSTIFICATION PAR LA FOI?

2. L'ÉVANGILE DE LA RÉFORMATION
OU « NOUVELLE THÉOLOGIE »

Pour ceux qui adoptent ce point de vue, la justification par la foi se rapporte seulement à la justification. La sanctification, quoique importante, ne fait pas partie de la vérité de la justification par la foi. Voici comment ils expliquent leur compréhension de l'évangile et de la sanctification :

  1. La justice par la foi est synonyme de justification par la foi. C'est la déclaration légale de Dieu dans laquelle Il proclame le pécheur qui croit parfaitement juste sur la base de la vie et de la mort du Christ. Contrairement à l'opinion traditionnelle, la justification par la foi est plus que le pardon des péchés passés. Dieu y déclare le croyant positivement juste en Christ, incluant le plein pardon de tous ses péchés. Il en découle que cette justification qualifie pleinement le pécheur pour le ciel, maintenant et au jour du jugement.

  2. L'évangile, par conséquent, n'est plus que la justification. Tout ce dont nous avons besoin pour être qualifiés lors du jugement a déjà été accompli dans la sainte histoire du Christ, notre Substitut et Représentant. En Lui, Dieu a produit une justice parfaite dans une humanité non pécheresse en faveur de l'homme pécheur. Cette justice ne peut ni se gagner ni s'acheter, mais elle est un don gratuit reçu « par la foi ». Au moment où quelqu'un « croit » en Christ, Sa justice est imputée ou placée au compte de ce croyant. Nous ne devons rien y ajouter, disent-ils.

  3. En aucune circonstance ils ne permettront à une expérience subjective de faire partie de la justice ou de la justification par la foi. Il s'agit uniquement d'une déclaration légale (ou juridique). La justice qui justifie est en Christ, jamais dans le croyant ou dans son expérience. Il en découle qu'on s'y réfère souvent comme étant une justice « externe ». Toute tentative d'inclure la nouvelle naissance ou la régénération, ou toute autre expérience subjective rencontre une forte opposition car elle est considérée comme appartenant au faux évangile de Babylone. À cet égard, « l'évangile de la Réformation » s'oppose à l'enseignement « traditionnel » et devient l'une des sources de controverse parmi nous.

  4. La sanctification, bien qu'elle n'appartienne pas à la doctrine de la justice par la foi, est néanmoins le résultat inévitable de la justification. La personne justifiée donnera la preuve de cet état en menant une vie sainte et pieuse grâce au Saint-Esprit. Cependant, cette vie sainte et ces bonnes oeuvres ne contribuent en aucune façon au salut de quelqu'un. La sanctification n'est jamais le moyen, mais toujours et seulement le fruit de la justification.

  5. À la différence de la justification, la sanctification n'existe jamais par la foi seule, mais implique aussi des efforts personnels et des oeuvres de la part du croyant. Et puisque sa nature est encore pécheresse, la justice subjective dans la vie du croyant ne peut jamais être parfaite, mais est toujours souillée par le péché. Le péché, il faut se le rappeler, ne se rapporte pas seulement aux actes mais aussi à notre « état » selon les Réformateurs. C'est pour cette raison, disent-ils, que la nature humaine du Christ devait être non pécheresse, sinon Sa performance aurait été ternie, faisant de Lui un pécheur en quête d'un Sauveur.

En résumé, cet « évangile de la Réformation » ne signifie que la justification. Par la foi en Christ, l'homme est déclaré légalement juste et pleinement qualifié pour le ciel, maintenant comme au jour du jugement. Un tel croyant s'efforcera, par amour pour son Sauveur, de mener une vie sainte avec l'aide du Saint-Esprit, mais cette vie sainte sera toujours ternie par le péché. Cependant, comme la sanctification ne contribue pas à son salut, elle ne produit ni souci ni anxiété dans l'esprit de celui dont l'espérance est fondée sur la justice du Christ qui lui est déjà garantie au ciel.

Évaluation de « l'évangile de la Réformation »

dit « Nouvelle Théologie »

  1. Bien qu'il y ait du vrai, digne de recommandation, dans la position dite de « l'évangile de la Réformation », elle contient cependant certains points faibles. La Réformation du seizième siècle avait été le début de la restauration du véritable évangile après les hérésies du Moyen Âge; mais son oeuvre fut incomplète. Dire que « l'évangile de la Réformation » équivaut à la pleine vérité nécessaire pour notre temps, c'est faire un pas en arrière et fermer les yeux sur les vérités révélées depuis lors. Il est vrai que « l'Adventisme traditionnel » est passé à côté de la glorieuse vérité de la justification récupérée par les Réformateurs et qu'il est revenu à une forme subtile de légalisme (à la manière des Galates). Mais il est également faux d'impliquer que « l'évangile de la Réformation » constituait « le message du troisième ange en vérité », la restauration complète du message de la justification par la foi.

  2. Ce point de vue ne réussit pas à répondre à la question centrale de la doctrine de la justification : comment Dieu peut-Il justifier un pécheur tout en demeurant fidèle à Sa propre loi qui condamne le pécheur à la mort? On tente de résoudre ce dilemme en disant que le Christ, notre Substitut, est mort à notre place pour nos péchés. Or, la loi, face au problème du péché, notons-le, ne permet pas ce genre de solution contraire à l'éthique (cf. Dt 24.16; Ez 18.20). Aucune loi ne permettra le transfert de la culpabilité du péché et de la condamnation du coupable sur l'innocent. Il en découle que la loi de Dieu ne peut déclarer le pécheur légalement juste s'il n'est d'abord rendu juste. Parce que cet évangile de la Réformation n'est pas parvenu à résoudre avec satisfaction ce problème éthique de la justification par la foi, c'est à juste titre qu'il est devenu la cible des accusations de théologiens catholiques et musulmans d'être une « fiction légale », une supercherie divine, une « tenue de livres céleste » ou encore une « justice transférée ».

  3. L'incapacité de comprendre la réalité du rachat de l'homme pécheur en Christ a amené cet « évangile de la Réformation » à enseigner la justification par la foi comme étant une déclaration purement légale. Or, l'humanité du Christ n'était en fait que notre humanité pécheresse corporative; aussi l'homme pécheur a-t-il été racheté en Lui de la loi, c'est-à-dire du principe du péché et du moi, pierre d'achoppement à toute vie sainte. (Rm 8.2-4) À la lumière de cette vérité, le pécheur exerçant la véritable foi en Christ n'est pas seulement déclaré juste sur le plan légal, mais en s'identifiant par la foi avec le Christ crucifié, il devient, de son propre choix, esclave de Dieu et de Sa justice (cf. Rm 6.14-22). Pour un tel croyant, la justification par la foi signifie que le Christ vit en lui par la foi. (Ga 2.19-21) Sur cette base, la justification par la foi possède une signification morale et éthique qui permet à la justice du Christ d'être impartie et reproduite dans le croyant. (Rm 6.1-13; 8.12-13; Ep 2.8-10; 2 Co 3.17-18) C'est la « marque » que tout croyant se propose d'atteindre. (Ph 3.14)

  4. « L'évangile de la Réformation » ne réussit pas à faire la distinction entre la justification légale établie pour tous les hommes par la vie et à la mort du Christ (Rm 5.18, la « Bonne Nouvelle » de l'évangile) et la justification par la foi qui inclut la réponse du croyant à l'évangile. Alors que la foi est un don de Dieu créé dans le coeur de l'auditeur par la prédication du Christ crucifié, elle n'en implique pas moins une réponse du coeur. (Ac 8.37). En conséquence, tandis que l'évangile, c'est-à-dire la justification légale, forme une vérité entièrement objective réalisée dans la sainte histoire du Christ, la justification par la foi comprend en plus une appréciation subjective du coeur et ne peut être ainsi considérée comme une simple déclaration juridique. (Rm 6.17; 10.8-10,16) La foi véritable comporte toujours une réponse du coeur au don de Dieu qui pousse le croyant à devenir obéissant. (Ga 5.6,13,14; Rm 6.17).

  5. Parce qu'il ne fait pas la distinction entre la justification légale accomplie pour tous les hommes en Christ et la justification par la foi, « l'évangile de la Réformation » ne réussit pas non plus à présenter une relation correcte entre la justification par la foi et la nouvelle naissance (régénération). Il est clair, d'après l'enseignement du Christ que sans la nouvelle naissance, il ne peut y avoir de justification effective. (Jn 3.3-8) Ce qui fut préparé pour tous les hommes en Christ ne devient valide pour le pécheur croyant que lorsqu'il expérimente la nouvelle naissance. Ce n'est pas la foi qui, en réalité, justifie l'homme mais la vie parfaite du Christ livrée pour nous à la croix. La foi n'est qu'un instrument par lequel nous recevons la vie du Christ (le moyen de notre justification), tandis que la nouvelle naissance constitue la réalité de cette réception. Et sans cette réalité, la justification effective n'existe pas. Il est vrai que le croyant trouve toujours sa justice en Christ et non en lui-même, mais il est également vrai que, jusqu'à ce que le Saint-Esprit nous baptise dans le corps du Christ (1 Co 12.13), la justification préparée en Christ demeure au rang de vérité objective. « Si un homme n'a pas l'Esprit de Christ, il ne Lui appartient pas. » (Rm 8.9,16-17)

  6. À nouveau, le manque de discernement concernant la façon dont Dieu a légalement racheté le genre humain par l'humanité du Christ a conduit la Réforme à une mauvaise compréhension de la relation entre la justification et la sanctification. S'il est vrai que la sanctification ne contribue en rien à la justice qui sauve le pécheur, il faut aussi se souvenir que la sanctification produit dans la vie du croyant ce qui a déjà été préparé pour lui dans la justification, c'est-à-dire une obéissance totale à la loi. Ainsi, la justification est la justice du Christ imputée (qui qualifie le croyant pour le ciel lors du jugement), alors que la sanctification est la justice du Christ impartie (qui démontre la réalité de la justification). Bien que différents, ces deux aspects ne peuvent être séparés puisque ce que Dieu a fait de l'homme en Christ, Il le fera de l'homme dans son expérience, c'est-à-dire pour tous ceux qui reçoivent le Christ par la foi. Il est vrai que le point central de l'Évangile est toujours la justification par la foi, mais « comme le corps sans l'esprit est mort, ainsi la foi sans les oeuvres est morte elle aussi ». (Jc 2:26)

  7. Sur cette base, la sanctification n'est réalisée, elle aussi, que par la foi seule, et non par la foi plus les oeuvres, les efforts comme cela est souvent enseigné par les militants de « l'évangile de la Réformation ». Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas de coopération ni d'effort à fournir de la part du croyant justifié dans le processus de la sanctification. Au contraire, beaucoup d'efforts sont impliqués; mais tout effort accompli par le croyant se situe dans le domaine de la foi et non des oeuvres. La nature pécheresse de l'homme est tout aussi opposée à Dieu qu'elle l'est à la loi (Rm 8.7) et puisque la loi du péché (le principe de l'amour du moi) réside toujours dans la chair du croyant, la foi n'est jamais naturelle mais implique toujours un combat. (1 Tm 6.12; Lc 9.23) La sanctification est le fruit de l'Esprit produit dans le croyant qui demeure en Christ. (Ga 5.22-25) Or, demeurer en Christ est une lutte constante dans le processus de la sanctification. (1 Th 5.17-24) Mais la foi n'est pas seulement un combat dans le domaine de la vie chrétienne (sanctification), elle l'est aussi dans le domaine de la justification par la foi, car le croyant doit abandonner sa nature pécheresse au pied de la croix du Christ. (Rm 8.12; 2 Tm 2.11 De même, une justification par la foi effective n'a lieu que lorsque le croyant considère que toute sa justice acquise par la loi n'est qu'une « perte » et saisit la justice du Christ par la foi. (Ph 3.7-9) Mais ces deux justices impliquent efforts et luttes. C'est dans ce contexte de la justification que l'auteur de l'Épître aux Hébreux exhorte les Juifs propres-justes à s'efforcer d'entrer dans le repos de Dieu. (He 4.11) Cependant, quand le Christ est élevé et que la croix est vraiment comprise, l'amour de Dieu remplit le coeur d'une appréciation profonde, de sorte que le péché et la propre justice deviennent repoussants, tandis que la foi devient une réponse d'amour produisant l'obéissance à la loi de Dieu dans l'esprit. (Rm 7.25)

  8. En conséquence, une bonne compréhension de la justification par la foi ne donne pas seulement au croyant la paix, la sécurité et la joie, maintenant et au jour du jugement ce qui n'est qu'un souci égocentrique mais plus que cela, elle le remplit d'une seule ambition : « Pour moi, vivre, c'est Christ ». Une réponse aussi sincère à l'évangile porte du fruit de sainteté. La vraie justification par la foi « qui agit par amour », c'est l'abandon sincère d'une vie de péché condamnée à la mort de la croix en échange de la vie de renoncement du Christ, devenu maintenant tout pour nous. (Ga 2.19-20) Le fruit d'une telle réponse est, bien sûr, une vie sanctifiée. Celle-ci n'est pas souillée par le péché, même si la chair ou la nature de l'homme est pécheresse, car le Christ est la source de sa justice. La formule pour la justification comme pour la sanctification est donc la même : « Non pas moi, mais Christ ».

  9. « L'évangile de la Réformation » donne l'impression que le péché est un tel monstre que même Dieu est incapable de le vaincre dans la nature charnelle de l'homme. Cependant, la vérité est que Dieu a défait et condamné le principe du péché dans la chair, ceci dans une humanité rendue semblable à notre chair pécheresse. (Rm 8.2-3) En prenant notre nature déchue, le Christ a démontré que l'homme pouvait, lorsque contrôlé par Dieu, dominer sur le péché. Son amour pour les pécheurs était si fort que le principe du péché, la loi de l'égoïsme, perdit en Lui son pouvoir sur la nature humaine. C'est pourquoi le péché n'a jamais pu s'affirmer en Lui. De la même manière, l'amour du Christ doit nous contraindre à tel point que la Bonne Nouvelle, au lieu de nous conduire à la licence du péché, nous motivera à l'obéissance envers la loi. (Rm 13.8-10; Ga 5.13-14) Voilà la vraie justification par la foi qui a pour fruit la sainteté !