Pour ceux qui adoptent ce point de vue, la justification par la foi se
rapporte seulement à la justification. La sanctification, quoique
importante, ne fait pas partie de la vérité de la justification par la
foi. Voici comment ils expliquent leur compréhension de l'évangile et
de la sanctification :
- La justice par la foi est synonyme de justification par la foi.
C'est la déclaration légale de Dieu dans laquelle Il proclame le
pécheur qui croit parfaitement juste sur la base de la vie et de la
mort du Christ. Contrairement à l'opinion traditionnelle, la
justification par la foi est plus que le pardon des péchés passés.
Dieu y déclare le croyant positivement juste en Christ, incluant le
plein pardon de tous ses péchés. Il en découle que cette justification
qualifie pleinement le pécheur pour le ciel, maintenant et au jour du
jugement.
- L'évangile, par conséquent, n'est plus que la justification.
Tout ce dont nous avons besoin pour être qualifiés lors du jugement a
déjà été accompli dans la sainte histoire du Christ, notre Substitut
et Représentant. En Lui, Dieu a produit une justice parfaite dans une
humanité non pécheresse en faveur de l'homme pécheur. Cette justice ne
peut ni se gagner ni s'acheter, mais elle est un don gratuit reçu « par
la foi ». Au moment où quelqu'un « croit » en Christ, Sa justice est
imputée ou placée au compte de ce croyant. Nous ne devons rien y
ajouter, disent-ils.
- En aucune circonstance ils ne permettront à une expérience
subjective de faire partie de la justice ou de la justification par la
foi. Il s'agit uniquement d'une déclaration légale (ou juridique). La
justice qui justifie est en Christ, jamais dans le croyant ou dans son
expérience. Il en découle qu'on s'y réfère souvent comme étant une
justice « externe ». Toute tentative d'inclure la nouvelle naissance ou
la régénération, ou toute autre expérience subjective rencontre une
forte opposition car elle est considérée comme appartenant au faux
évangile de Babylone. À cet égard, « l'évangile de la Réformation »
s'oppose à l'enseignement « traditionnel » et devient l'une des sources
de controverse parmi nous.
- La sanctification, bien qu'elle n'appartienne pas à la doctrine
de la justice par la foi, est néanmoins le résultat inévitable de la
justification. La personne justifiée donnera la preuve de cet état en
menant une vie sainte et pieuse grâce au Saint-Esprit. Cependant,
cette vie sainte et ces bonnes oeuvres ne contribuent en aucune façon
au salut de quelqu'un. La sanctification n'est jamais le moyen, mais
toujours et seulement le fruit de la justification.
- À la différence de la justification, la sanctification n'existe
jamais par la foi seule, mais implique aussi des efforts personnels et
des oeuvres de la part du croyant. Et puisque sa nature est encore
pécheresse, la justice subjective dans la vie du croyant ne peut
jamais être parfaite, mais est toujours souillée par le péché. Le
péché, il faut se le rappeler, ne se rapporte pas seulement aux actes
mais aussi à notre « état » selon les Réformateurs. C'est pour cette
raison, disent-ils, que la nature humaine du Christ devait être non
pécheresse, sinon Sa performance aurait été ternie, faisant de Lui un
pécheur en quête d'un Sauveur.
En résumé, cet « évangile de la Réformation » ne signifie que la
justification. Par la foi en Christ, l'homme est déclaré légalement
juste et pleinement qualifié pour le ciel, maintenant comme au jour du
jugement. Un tel croyant s'efforcera, par amour pour son Sauveur, de
mener une vie sainte avec l'aide du Saint-Esprit, mais cette vie
sainte sera toujours ternie par le péché. Cependant, comme la
sanctification ne contribue pas à son salut, elle ne produit ni souci
ni anxiété dans l'esprit de celui dont l'espérance est fondée sur la
justice du Christ qui lui est déjà garantie au ciel.
Évaluation de « l'évangile de la Réformation »
dit « Nouvelle Théologie »
- Bien qu'il y ait du vrai, digne de recommandation, dans la
position dite de « l'évangile de la Réformation », elle contient
cependant certains points faibles. La Réformation du seizième siècle
avait été le début de la restauration du véritable évangile après les
hérésies du Moyen Âge; mais son oeuvre fut incomplète. Dire que
« l'évangile de la Réformation » équivaut à la pleine vérité nécessaire
pour notre temps, c'est faire un pas en arrière et fermer les yeux sur
les vérités révélées depuis lors. Il est vrai que « l'Adventisme
traditionnel » est passé à côté de la glorieuse vérité de la
justification récupérée par les Réformateurs et qu'il est revenu à une
forme subtile de légalisme (à la manière des Galates). Mais il est
également faux d'impliquer que « l'évangile de la Réformation »
constituait « le message du troisième ange en vérité », la restauration
complète du message de la justification par la foi.
- Ce point de vue ne réussit pas à répondre à la question centrale
de la doctrine de la justification : comment Dieu peut-Il justifier un
pécheur tout en demeurant fidèle à Sa propre loi qui condamne le
pécheur à la mort? On tente de résoudre ce dilemme en disant que le
Christ, notre Substitut, est mort à notre place pour nos péchés. Or,
la loi, face au problème du péché, notons-le, ne permet pas ce genre
de solution contraire à l'éthique (cf.
Dt 24.16;
Ez 18.20). Aucune
loi ne permettra le transfert de la culpabilité du péché et de la
condamnation du coupable sur l'innocent. Il en découle que la loi de
Dieu ne peut déclarer le pécheur légalement juste s'il n'est d'abord
rendu juste. Parce que cet évangile de la Réformation n'est pas
parvenu à résoudre avec satisfaction ce problème éthique de la
justification par la foi, c'est à juste titre qu'il est devenu la
cible des accusations de théologiens catholiques et musulmans d'être
une « fiction légale », une supercherie divine, une « tenue de livres
céleste » ou encore une « justice transférée ».
- L'incapacité de comprendre la réalité du rachat de l'homme
pécheur en Christ a amené cet « évangile de la Réformation » à enseigner
la justification par la foi comme étant une déclaration purement
légale. Or, l'humanité du Christ n'était en fait que notre humanité
pécheresse corporative; aussi l'homme pécheur a-t-il été racheté en
Lui de la loi, c'est-à-dire du principe du péché et du moi, pierre
d'achoppement à toute vie sainte.
(Rm 8.2-4) À la lumière de cette
vérité, le pécheur exerçant la véritable foi en Christ n'est pas
seulement déclaré juste sur le plan légal, mais en s'identifiant par
la foi avec le Christ crucifié, il devient, de son propre choix,
esclave de Dieu et de Sa justice (cf.
Rm 6.14-22). Pour un tel
croyant, la justification par la foi signifie que le Christ vit en lui
par la foi.
(Ga 2.19-21)
Sur cette base, la justification par la foi
possède une signification morale et éthique qui permet à la justice du
Christ d'être impartie et reproduite dans le croyant.
(Rm 6.1-13;
8.12-13;
Ep 2.8-10;
2 Co 3.17-18)
C'est la « marque » que tout croyant se propose d'atteindre.
(Ph 3.14)
- « L'évangile de la Réformation » ne réussit pas à faire la
distinction entre la justification légale établie pour tous les hommes
par la vie et à la mort du Christ
(Rm 5.18, la « Bonne Nouvelle » de
l'évangile) et la justification par la foi qui inclut la réponse du
croyant à l'évangile. Alors que la foi est un don de Dieu créé dans le
coeur de l'auditeur par la prédication du Christ crucifié, elle n'en
implique pas moins une réponse du coeur.
(Ac 8.37). En conséquence,
tandis que l'évangile, c'est-à-dire la justification légale, forme une
vérité entièrement objective réalisée dans la sainte histoire du
Christ, la justification par la foi comprend en plus une appréciation
subjective du coeur et ne peut être ainsi considérée comme une simple
déclaration juridique.
(Rm 6.17;
10.8-10,16) La foi véritable
comporte toujours une réponse du coeur au don de Dieu qui pousse le
croyant à devenir obéissant.
(Ga 5.6,13,14;
Rm 6.17).
- Parce qu'il ne fait pas la distinction entre la justification
légale accomplie pour tous les hommes en Christ et la justification
par la foi, « l'évangile de la Réformation » ne réussit pas non plus à
présenter une relation correcte entre la justification par la foi et
la nouvelle naissance (régénération). Il est clair, d'après
l'enseignement du Christ que sans la nouvelle naissance, il ne peut y
avoir de justification effective.
(Jn 3.3-8)
Ce qui fut préparé pour
tous les hommes en Christ ne devient valide pour le pécheur croyant
que lorsqu'il expérimente la nouvelle naissance. Ce n'est pas la foi
qui, en réalité, justifie l'homme mais la vie parfaite du Christ
livrée pour nous à la croix. La foi n'est qu'un instrument par lequel
nous recevons la vie du Christ (le moyen de notre justification),
tandis que la nouvelle naissance constitue la réalité de cette
réception. Et sans cette réalité, la justification effective n'existe
pas. Il est vrai que le croyant trouve toujours sa justice en Christ
et non en lui-même, mais il est également vrai que, jusqu'à ce que le
Saint-Esprit nous baptise dans le corps du Christ
(1 Co 12.13), la
justification préparée en Christ demeure au rang de vérité objective.
« Si un homme n'a pas l'Esprit de Christ, il ne Lui appartient pas. »
(Rm 8.9,16-17)
- À nouveau, le manque de discernement concernant la façon dont
Dieu a légalement racheté le genre humain par l'humanité du Christ a
conduit la Réforme à une mauvaise compréhension de la relation entre
la justification et la sanctification. S'il est vrai que la
sanctification ne contribue en rien à la justice qui sauve le pécheur,
il faut aussi se souvenir que la sanctification produit dans la vie du
croyant ce qui a déjà été préparé pour lui dans la justification,
c'est-à-dire une obéissance totale à la loi. Ainsi, la justification
est la justice du Christ imputée (qui qualifie le croyant pour le ciel
lors du jugement), alors que la sanctification est la justice du
Christ impartie (qui démontre la réalité de la justification). Bien
que différents, ces deux aspects ne peuvent être séparés puisque ce
que Dieu a fait de l'homme en Christ, Il le fera de l'homme dans son
expérience, c'est-à-dire pour tous ceux qui reçoivent le Christ par la
foi. Il est vrai que le point central de l'Évangile est toujours la
justification par la foi, mais « comme le corps sans l'esprit est mort,
ainsi la foi sans les oeuvres est morte elle aussi ».
(Jc 2:26)
- Sur cette base, la sanctification n'est réalisée, elle aussi,
que par la foi seule, et non par la foi plus les oeuvres, les efforts
comme cela est souvent enseigné par les militants de « l'évangile de la
Réformation ». Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas de coopération ni
d'effort à fournir de la part du croyant justifié dans le processus de
la sanctification. Au contraire, beaucoup d'efforts sont impliqués;
mais tout effort accompli par le croyant se situe dans le domaine de
la foi et non des oeuvres. La nature pécheresse de l'homme est tout
aussi opposée à Dieu qu'elle l'est à la loi
(Rm 8.7) et puisque la loi
du péché (le principe de l'amour du moi) réside toujours dans la chair
du croyant, la foi n'est jamais naturelle mais implique toujours un
combat.
(1 Tm 6.12;
Lc 9.23)
La sanctification est le fruit de
l'Esprit produit dans le croyant qui demeure en Christ.
(Ga 5.22-25)
Or, demeurer en Christ est une lutte constante dans le processus de la
sanctification.
(1 Th 5.17-24)
Mais la foi n'est pas seulement un
combat dans le domaine de la vie chrétienne (sanctification), elle
l'est aussi dans le domaine de la justification par la foi, car le
croyant doit abandonner sa nature pécheresse au pied de la croix du
Christ.
(Rm 8.12;
2 Tm 2.11
De même, une justification par la foi
effective n'a lieu que lorsque le croyant considère que toute sa
justice acquise par la loi n'est qu'une « perte » et saisit la justice
du Christ par la foi.
(Ph 3.7-9)
Mais ces deux justices impliquent
efforts et luttes. C'est dans ce contexte de la justification que
l'auteur de l'Épître aux Hébreux exhorte les Juifs propres-justes à
s'efforcer d'entrer dans le repos de Dieu.
(He 4.11)
Cependant, quand
le Christ est élevé et que la croix est vraiment comprise, l'amour de
Dieu remplit le coeur d'une appréciation profonde, de sorte que le
péché et la propre justice deviennent repoussants, tandis que la foi
devient une réponse d'amour produisant l'obéissance à la loi de Dieu
dans l'esprit.
(Rm 7.25)
- En conséquence, une bonne compréhension de la justification par
la foi ne donne pas seulement au croyant la paix, la sécurité et la
joie, maintenant et au jour du jugement ce qui n'est qu'un souci
égocentrique mais plus que cela, elle le remplit d'une seule ambition :
« Pour moi, vivre, c'est Christ ». Une réponse aussi sincère à
l'évangile porte du fruit de sainteté. La vraie justification par la
foi « qui agit par amour », c'est l'abandon sincère d'une vie de péché
condamnée à la mort de la croix en échange de la vie de renoncement du
Christ, devenu maintenant tout pour nous.
(Ga 2.19-20) Le fruit d'une
telle réponse est, bien sûr, une vie sanctifiée. Celle-ci n'est pas
souillée par le péché, même si la chair ou la nature de l'homme est
pécheresse, car le Christ est la source de sa justice. La formule pour
la justification comme pour la sanctification est donc la même : « Non
pas moi, mais Christ ».
- « L'évangile de la Réformation » donne l'impression que le péché
est un tel monstre que même Dieu est incapable de le vaincre dans la
nature charnelle de l'homme. Cependant, la vérité est que Dieu a
défait et condamné le principe du péché dans la chair, ceci dans une
humanité rendue semblable à notre chair pécheresse.
(Rm 8.2-3) En
prenant notre nature déchue, le Christ a démontré que l'homme pouvait,
lorsque contrôlé par Dieu, dominer sur le péché. Son amour pour les
pécheurs était si fort que le principe du péché, la loi de l'égoïsme,
perdit en Lui son pouvoir sur la nature humaine. C'est pourquoi le
péché n'a jamais pu s'affirmer en Lui. De la même manière, l'amour du
Christ doit nous contraindre à tel point que la Bonne Nouvelle, au
lieu de nous conduire à la licence du péché, nous motivera à
l'obéissance envers la loi.
(Rm 13.8-10;
Ga 5.13-14) Voilà la vraie
justification par la foi qui a pour fruit la sainteté !