C'est la compréhension générale de la plupart des Adventistes. Selon
ce point de vue, la justification par la foi consiste en deux
expériences, la justification et la sanctification. Leurs
significations et leurs inter-relations sont comprises ainsi :
- La justification constitue le pardon de tous les péchés passés
rendu possible par la mort du Christ. Quand, par la repentance et la
confession, un homme « accepte le Christ », tous ses péchés passés sont
pardonnés; il fait l'expérience de la nouvelle naissance et il est
amené dans une juste relation avec Dieu. Ceci est défini comme étant
la justification par la foi. C'est l'oeuvre d'un instant et on s'y
réfère souvent comme étant notre « passeport pour le ciel ».
- Cependant, le pardon des péchés passés, aussi merveilleux qu'il
puisse être, n'est que l'annulation de notre désobéissance passée à
l'égard de la loi; il ne nous rend cependant pas justes. Afin de nous
qualifier pour le ciel, une telle justification (le pardon des péchés
passés) doit être accompagnée d'une justice réelle. Celle-ci est
réalisée par l'obéissance à tous les commandements de Dieu à travers
le processus de la sanctification. Ainsi la sanctification, qui est
aussi la sainteté de vie (l'obéissance à la loi), est essentielle au
salut et elle est souvent décrite comme « notre qualification pour
vivre au ciel ». Cette oeuvre de sanctification ne peut pas être
accomplie par notre propre force, mais elle est rendue possible par le
Saint-Esprit habitant en nous. Ayant pardonné nos péchés passés, Dieu
exige des croyants l'obéissance à Sa loi par Sa grâce, s'ils veulent
accéder au ciel. Cette obéissance à la loi prouve que nous aimons
vraiment Jésus et que, par conséquent, nous méritons le
ciel.
- Durant le processus de la sanctification, qui est l'oeuvre de
toute une vie, les croyants commettront sans aucun doute des péchés.
Mais ceux-ci doivent être pardonnés ou annulés, grâce à une repentance
et une confession quotidiennes. Tous les péchés connus et non
confessés nous disqualifieront au moment du jugement et nous priveront
de la vie éternelle.
Pour résumer le point de vue traditionnel de l'évangile, le ciel est
finalement gagné par :
- la justification, le pardon des péchés passés à la conversion,
plus
- la sanctification, notre obéissance à tous les commandements qui
nous rend justes et nous qualifie pour le ciel, plus
- le pardon des péchés commis depuis la justification ou durant le
processus de la sanctification, par la repentance et la confession
quotidiennes.
Mais puisque les points 2 et 3 sont des processus continus durant
toute la vie, le croyant ne peut jamais être assuré du salut éternel
avant le jour du jugement dernier.
Évaluation du point de vue traditionnel
- Cette façon de voir a le défaut de ne pas distinguer clairement
l'évangile de ses fruits. En conséquence, l'évangile n'est pas
enseigné comme une vérité objective déjà accomplie en Christ, mais
comprend aussi une expérience subjective, ce que le Christ réalise
dans le croyant, comme une exigence préalable au salut.
- Ainsi, l'évangile cesse d'être la « bonne nouvelle », mais n'est
plus qu'une bonne nouvelle partielle accompagnée d'un bon conseil. Un
tel concept qui inclut nos bonnes oeuvres comme une exigence pour le
salut final implique que le salut ne vient pas de la foi seule, mais
de la foi plus les oeuvres d'obéissance à la loi (c'était là,
incidemment, l'hérésie des Galates). Les tenants de cette opinion ne
parviennent pas à voir la distinction entre la foi plus les oeuvres et
la « foi agissante » (qui fait les oeuvres). En outre, cela produit de
la confusion entre ce que signifie être « sous la loi » et être « sous la
grâce » (la foi agissante).
- Puisque cette union enseigne que notre obéissance à la loi,
c'est-à-dire nos bonnes oeuvres seront le facteur décisif à savoir si
oui non nous méritons le ciel, nous sommes livrés au suspense, sans la
moindre assurance du ciel et ce, tant que nous aurons à lutter contre
le péché présent dans la nature humaine, donc jusqu'à la mort ou au
second avènement.
(Rm 8.23-25)
Une telle insécurité produit la crainte
continuelle d'être perdu et rend impossible l'expérience de l'amour
néo-testamentaire qui « ne cherche point son intérêt ».
(1 Co 13.5) Il
s'ensuit que le message du jugement n'est pas une bonne nouvelle, mais
une vérité effrayante ayant la capacité de produire un peuple qui
essaie extérieurement de garder la loi, tout en étant dépourvu de
l'amour véritable par sa crainte du jugement.
(1 Jean 4.17-18)
- Privé de la paix véritable et de la joie du salut en Christ,
l'enseignement « traditionnel » a, dans une grande mesure, dérobé au
peuple de Dieu sa vie chrétienne authentique et sa capacité de
témoigner. Il en résulte que la sanctification, comprise comme étant
l'observation de la loi et la confession des péchés, est motivée par
la peur du châtiment ou le désir des récompenses, plutôt que par une
profonde et sincère appréciation du Sauveur. Le vrai témoignage
chrétien en devient presque inexistant. Si quelque témoignage est
néanmoins donné, il est généralement motivé par un intérêt
égocentrique et « une telle religion, dit Ellen White, ne vaut rien »
(Vers Jésus, p. 44 ; Patriarches et Prophètes, p. 507).