SAUVEUR DU MONDE

QU'EST-CE QUE L'ÉVANGILE?

Puisque le fondement de toute vérité salvatrice se trouve en Christ notre justice ( 1 Co 3:11 ), chaque vérité relative à notre salut doit être étudiée dans le contexte de l'évangile de notre Seigneur Jésus-Christ. Ceci inclut le sujet ici traité, l'humanité de Christ. Malheureusement, il existe aujourd'hui beaucoup de confusion à propos de ce qu'est l'évangile. Il nous faut donc d'abord corriger ce problème, avant de pouvoir entreprendre une étude plus sérieuse de la nature humaine que le Christ a assumée lors de l'incarnation.

À quel message notre Seigneur pensait-Il en confiant aux disciples la mission d'aller par le monde entier et de prêcher l'évangile à toute créature? La réponse à cette question peut se résumer en quelques mots: Christ et Christ crucifié. C'est ce qui constitue la bonne nouvelle de l'évangile et le message central du Nouveau Testament ( 1 Co 1:17-18; 2:1-2 ).

Plusieurs personnes donnent à l'évangile une signification tellement générale que le sujet est devenu extrêmement confus. La Bible décrit le salut en trois phases reliées entre elles mais distinctes. Ces trois phases sont: l'évangile, les fruits de l'évangile et l'espérance de l'évangile. L'incapacité de percevoir leurs relations et leurs différences est la source de la grande confusion qui règne dans nos milieux. Voici donc une brève description des trois phases du salut, avec leurs relations et leurs différences.

L'ÉVANGILE

L'évangile constitue la bonne nouvelle inconditionnelle du salut acquis pour l'humanité entière par la sainte histoire de Christ. On dit de cet évangile qu'il constitue les faits objectifs du salut; il s'agit de plus d'une oeuvre complétée et terminée sans aucune contribution de la part de la race humaine ( Rm 3:28; 5:18 ). Il est donc entièrement l'oeuvre de Dieu et c'est la raison pour laquelle l'apôtre Paul le décrit comme étant la justice de Dieu ( Rm 1:16-17, 3:21 ). C'est la sainte histoire de Christ Sa naissance, Sa vie, Sa mort et Sa résurrection qui sauve l'homme pécheur, maintenant comme au jour du jugement. Reçu par la foi, l'évangile devient la justification (ou la justice) par la foi.

Il est important de noter ici ce que Christ a réellement accompli dans cet évangile; car toute expérience subjective apparaissant dans la vie du croyant sera basée sur l'oeuvre déjà accomplie de Christ. La Bible enseigne clairement que Dieu a envoyé Son Fils dans ce monde afin de sauver la race humaine du péché ( Jn 1:29; 3:17 ). Mais le péché forme un problème à trois volets. La plupart des chrétiens savent que le péché est la transgression de la loi et qu'il en résulte la culpabilité et le châtiment. Mais les Écritures définissent aussi le péché comme une force, une loi, un principe, résidant dans notre nature pécheresse ( Rm 7:17, 20, 23 ). Enfin la corruption et les infirmités physiques de notre être font également partie d'un problème de péché plus profond dont nous devons être rachetés ( 1 Co 15:53-57 ).

Christ a, par Sa vie, Sa mort et Sa résurrection, sauvé l'humanité déchue de ce triple problème, de sorte que le véritable évangile offre dorénavant à la race humaine un salut total et complet ( Ep 2:5-6 ). En conséquence, ceux qui répondent au message de l'évangile avec foi bénéficient d'un statut parfait en Christ, tant au niveau performance, justice que nature. C'est ce qui les justifie et les qualifie pour le ciel.

La seule manière dont ces choses pouvaient se réaliser était que Christ prenne notre nature pécheresse en quête de rédemption. Car comme les Pères de l'Église l'ont souvent souligné au cours des cinq premiers siècles de l'ère chrétienne, «ce qui n'a pas été assumé par Christ ne peut être ni racheté ni guéri (sauvé).»

LES FRUITS DE L'ÉVANGILE

Cette expérience subjective est produite par le Saint-Esprit dans la vie du croyant qui a reçu la bonne nouvelle avec foi et marche selon l'Esprit ( Ga 5:16, 22, 23 ). En nous sauvant du péché, Christ nous a non seulement sauvés de la mort pour nous donner la vie, mais Il nous a aussi arrachés à une vie de péché pour nous amener à une vie de bonnes oeuvres ( Tt 2:11-14; 3:8; Jn 14:12 ). Ainsi donc l'évangile n'est pas seulement le moyen de notre salut mais aussi le fondement d'une vie sainte et remplie de bonnes oeuvres ( Ep 2:8-10 ).

Cette vie sainte et remplie de fruits est désignée dans les Écritures comme la sanctification. Ces fruits ne contribuent pas d'un seul iota à notre justification mais témoignent du salut que nous possédons déjà en Christ par la foi. Par conséquent, la sanctification ne doit pas être confondue avec l'évangile même si elle constitue une bonne nouvelle en soi; nous devons plutôt la définir comme les fruits de l'évangile. L'incapacité de faire la distinction entre la justification et la sanctification est responsable de l'insécurité si répandue parmi les chrétiens. Nous devons toujours garder à l'esprit que la justificatio n du croyant est basée sur une oeuvre terminée, l'évangile, tandis que la sanctification est un procédé continu qui se poursuivra toute la vie durant.

Ainsi, grâce à l'évangile, le croyant occupe une position parfaite en Christ; c'est le fondement de son assurance. Mais les bonnes oeuvres prouvent que la foi du croyant est réelle et non pas une simple prétention ( Jc 2:14-26 ) . La vraie justification par la foi doit paraître au niveau du comportement et le comportement doit démontrer le salut. La vraie justification par la foi produira donc toujours de bonnes oeuvres ( Mt 13:23 ), même si elles ne semblent pas toujours évidentes aux yeux du croyant lui-même dans ses propres agissements ( Mt 25:27-29 ).

C'est pour cette raison que le Nouveau Testament enseigne que nous sommes justifiés par la foi seulement ( Rm 3:28; Ga 2:16; Ep 2:8-9 ), mais que nous serons jugés par nos oeuvres ( Mt 7:32; 25:34-40; Jn 5:28-30; Rm 2:5-8; 2 Co 5:10 ); les oeuvres ne sont pas le moyen mais la preuve de notre justification par la foi ( Jc 2:20-22 ). N'oublions pas que la justification est totalement l'oeuvre de Dieu, une oeuvre terminée et complétée, alors que la sanctification implique notre coopération humaine, tandis que nous marchons selon l'Esprit, et qu'elle constitue un procédé continu, «l'oeuvre de toute une vie.»

L'ESPÉRANCE DE L'ÉVANGILE

Il s'agit de la réalité ultime du salut qu'expérimenteront tous les croyants lors de la seconde venue de Christ. C'est à ce moment que «ce corps corruptible doit revêtir l'incorruptibilité, et que ce corps mortel doit revêtir l'immortalité» ( 1 Co 15:53 ). La Bible appelle cette expérience la glorification. L'expérience de la conversion et le procédé de la sanctification apportent un changement dans le caractère du chrétien, mais ne changent rien dans la nature du croyant, pas un seul iota. Elle restera pécheresse pendant toute son existence terrestre jusqu'au second avènement.

C'est pour cette raison que les chrétiens gémissent, attendant patiemment la rédemption de leur corps ( Rm 8:22-24; Ph 3:20-21 ). Comme pour la sanctification, on ne doit pas confondre la glorification avec l'évangile; elle constitue l'espérance de l'évangile. Car si l'évangile est la bonne nouvelle du salut pour tous les hommes, le second avènement ne l'est cependant pas. Il n'est une espérance bienheureuse que pour les croyants qui se réjouissent dans l'évangile; car pour les incroyants, il représente le jour de Sa colère ( Ap 6:12-17 ).

L'évangile ayant maintenant été défini, nous pouvons aller de l'avant et entreprendre l'examen de ce sujet si important de la nature humaine que Christ a assumée à l'incarnation.