DYNAMIQUE de l'ÉVANGILE ÉTERNEL

Chapitre 4

LES DEUX ADAMS

La vérité des deux Adams est l'une des doctrines les plus négligées et les plus mal comprises des Écritures. Elle constitue cependant l'un des enseignements les plus importants de la Parole concernant le salut du genre humain. Car la destinée éternelle de toute l'humanité est comprise dans celle de ces deux hommes, Adam et Christ (le second Adam).

L'Écriture enseigne clairement que « tous meurent en Adam » et que « tous revivront en Christ » (1 Corinthiens 15.22). Selon la Bible, Dieu créa tous les hommes en un seul homme (c'est-à-dire Adam Genèse 1.27-28 ; 2.7 ; Actes 17.26). Satan provoqua la ruine de tous les hommes en un seul homme (c'est-à-dire Adam Romains 5.12, 18 ; 1 Corinthiens 15.21-22) ; et Dieu racheta tous les hommes en un seul Homme (c'est-à-dire Christ 1 Corinthiens 1.30 ; Éphésiens 1.3 ; 2.5-6).

C'est la conviction de l'auteur que nous ne pourrons jamais pleinement comprendre ni apprécier toutes les implications et les privilèges de notre salut en Christ, à moins que nous ne parvenions à saisir et à réaliser notre position « en Adam ». Deux passages du Nouveau Testament expliquent un peu plus en détail cette doctrine vitale des deux Adams, Romains 5.11-21 que plusieurs spécialistes de la Bible considèrent comme le point culminant de l'épître aux Romains et 1 Corinthiens 15.19-23 et 45-49. Il est important, pour bien comprendre cette vérité, que nous examinions attentivement ces deux passages.

ROMAINS 5.11-21

Dans Romains 5.11, l'apôtre Paul établit une glorieuse vérité de l'évangile, à savoir que nous, chrétiens, pouvons nous réjouir parce que nous avons déjà reçu la réconciliation. Ceci signifie que la réconciliation que Christ a obtenue pour tous les hommes par Sa mort sur la croix (Romains 5 10) est déjà devenue une réalité dans la vie de tous les croyants. Il poursuit en exposant comment nous recevons cette réconciliation aux versets 12-21. Il le fait d'une manière unique, en employant Adam comme figure ou type de Christ (notez la dernière partie du verset 14). La raison pour laquelle il agit ainsi, c'est parce que, comme nous l'avons déjà mentionné, nous sommes rachetés « en Christ » de la même manière que nous sommes perdus « en Adam ». L'histoire de ces deux hommes, Adam et Christ, a affecté la destinée éternelle de toute l'humanité. Par conséquent, afin de pouvoir utiliser Adam comme figure de Christ, Paul explique d'abord notre situation « en Adam ». Il le fait dans les versets 12 à 14.

Au verset 12, Paul donne trois faits concernant notre problème de péché. Le premier, c'est que le péché est entré dans le monde (c'est-à-dire dans l'histoire de la race humaine) par le biais d'un seul homme (Adam). Deuxièmement, ce péché a condamné à mort Adam ; car Dieu avait dit clairement à nos premiers parents : « Le jour où tu en mangeras, certainement, tu mourras ». (Genèse 2.16-17). Troisièmement, Paul poursuit en déclarant que cette mort s'est étendue à toute la race humaine, qu'elle est devenue universelle. La raison en est que « tous ont péché ». Comme cette dernière phrase du verset 12 est un énoncé incomplet, elle a suscité des controverses interminables dans l'histoire de l'Église chrétienne. Que voulait dire Paul par cette phrase ? Voulait-il dire que tous les hommes meurent parce que « tous ont péché » comme Adam, ou voulait-il signifier que tous les hommes meurent parce que « tous ont péché » en Adam ?

De bons arguments ont été avancés par d'éminents théologiens en faveur des deux points de vue et les deux sont aujourd'hui défendus par de sincères chrétiens. Puisque le but de Paul en introduisant Adam était de l'utiliser comme un type, une figure ou une représentation de Christ (v. 14, dernière partie), la conclusion que nous tirons sur ce que signifie la phrase « car tous ont péché » a de très importantes ramifications. Alors que grammaticalement, les deux arguments peuvent sembler exacts, néanmoins si nous examinons attentivement le contexte et la logique du passage (v. 12-21) et que nous considérons les implications de ces deux manières de voir, il devient clair que pour demeurer fidèle au contexte et à la logique du passage, tout en respectant le clair enseignement de Paul sur la justification par la foi, nous devrions prendre la position suivante : la mort qui a frappé Adam à cause de son péché s'est étendue à tous les hommes parce que « tous ont péché » en Adam.

Ceux qui prennent la position selon laquelle tous mourront parce que tous ont péché comme Adam, font d'Adam notre modèle, notre exemple. Si cela est vrai, nous devons conclure que nous sommes condamnés à mort à cause de nos propres péchés semblables à celui d'Adam. Non seulement ceci contredit les versets 15 à 18, mais nous amène aussi à conclure que nous sommes « justifiés pour la vie » parce que nous avons obéi comme Christ, puisque Adam est employé dans ce passage comme figure ou type de Christ (v. 14, dernière partie). Selon l'autre argument, si nous concluons que nous mourons tous parce que nous avons tous péché en Adam, alors nous faisons d'Adam la cause ou la source de notre condamnation. Ceci est en harmonie avec ce que Paul dit dans les versets 15 à 18. Une telle position ferait aussi de Christ la cause ou la source de notre justification pour la vie ; et c'est précisément ce que Paul dit dans ce passage (notez le verset 18).

Une fois ceci établi, nous pouvons compléter l'énoncé de Paul au verset 12 en le paraphrasant comme suit : « Ainsi donc, exactement comme par un homme le péché est entré dans la race humaine et la mort par ce seul péché, et que la mort s'est étendue à tous les hommes parce que tous ont péché en Adam, de la même façon, par un seul homme la justice est venue sur la race humaine, et par cette justice la vie et ainsi la vie éternelle a été donnée à tous les hommes parce que tous ont obéi en Christ.

Puisque Dieu a créé toute l'humanité à partir d'Adam (Actes 17.26), il s'ensuit que toute l'humanité était en Adam quand il a péché et que, par conséquent, toute la race humaine a été impliquée, a participé à cet acte de désobéissance. (Il faut noter que tous les enfants d'Adam sont nés après qu'il ait péché.) Il en découle que la condamnation à mort qui a frappé Adam a été transmise à toute la race humaine parce que tous ont péché en Adam. Nous pouvons donner au moins cinq raisons pour montrer que c'est la bonne signification de la phrase « car tous ont péché ».
  1. Il n'est pas vrai historiquement que tous sont morts parce qu'ils ont péché comme Adam. Les bébés en sont un bon exemple ; ils meurent, même s'ils n'ont pas personnellement péché. La seule explication de leur mort, c'est que tous ont péché en Adam.

  2. Le verbe « ont péché » dans cette phrase du verset 12 est au temps aoriste. En grec, ce temps se réfère normalement à une action ayant pris place dans le passé. Il s'ensuit que grammaticalement « tous ont péché » se réfère probablement à un événement historique passé et non aux péchés individuels des gens qui sont nombreux et continuels. Notez la fin du verset Romains 3.23 (à l'indicatif présent) qui se réfère à nos nombreux péchés personnels, en comparaison de la première moitié du verset 23 qui déclare que « tous ont péché » (de nouveau au temps aoriste) signifiant « en Adam ».

  3. Selon Romains 5.13-14, (versets dans lesquels Paul explique ce qu'il voulait dire par « tous ont péché » au verset 12), ceux qui vécurent d'Adam à Moïse sont morts, « même s'ils n'avaient pas péché par une transgression semblable à celle d'Adam ». Il en découle que le contexte immédiat contredit clairement l'argument selon lequel tous meurent parce que « tous ont péché » comme Adam.

  4. À quatre reprises dans Romains 5.15-18, l'apôtre Paul affirme clairement et explicitement que c'est l'offense ou le péché d'Adam (et non nos péchés personnels) qui a amené sur la race humaine entière le jugement, la condamnation et la mort. Ainsi, le contexte de ce passage soutient clairement l'idée que tous meurent parce que « tous ont péché » en Adam. De plus, le verset 19 va plus loin et affirme que le péché unique d'Adam nous a constitués, nous a rendus pécheurs.

  5. Puisque Paul utilise Adam comme type ou figure de Christ dans ce passage, si nous insistons pour dire que tous les hommes meurent parce « tous ont péché » comme Adam, pour que cette analogie s'applique à Christ, il nous faudrait enseigner que tous les hommes sont justifiés parce qu'ils ont obéi comme Christ. Ceci changerait la justification par la foi en légalisme ou salut par les oeuvres, l'opposé même de l'enseignement de Paul dans l'Épître aux Romains. Mais la vérité est que, puisque « tous ont péché » en Adam et se trouvent ainsi condamnés à mort en lui, de même tous ont obéi en Christ et reçoivent en Lui la justification qui donne la vie (v. 18), selon l'idée de Paul.

Ayant établi ce fait, le raisonnement des versets 13 et 14 de Romains 5 est logique. Car Paul prouve simplement ici le fait qu'il a énoncé au verset 12 que tous sont morts parce que « tous ont péché » en Adam. Il le fait en considérant une partie de la race humaine ayant vécu d'Adam jusqu'à Moïse. Il est certain que ces gens ont péché ; mais comme Dieu n'avait pas encore donné Sa loi d'une manière explicite à la race humaine en tant que code légal avant Moïse, Il ne pouvait en toute justice condamner ces gens à mort pour leurs péchés personnels. C'est ce que veut dire Paul au verset 13 : « mais le péché n'est pas imputé (compté ou reconnu), quand il n'y a point de loi ».

Nous devons signaler ici que, selon le Nouveau Testament, ceux qui sont morts dans le déluge l'ont été non parce qu'ils étaient pécheurs mais parce qu'ils résistèrent à l'offre de salut de Dieu (1 Pierre 3.18-20). Néanmoins, Paul indique au verset 14 que ces gens sont morts même si leurs péchés n'étaient pas identiques à la transgression particulière d'Adam. La différence est que la race humaine d'Adam à Moïse a « manqué la marque » (signifiant a péché) tandis que le péché de désobéissance d'Adam a été une « violation volontaire d'une loi » (signifiant une transgression) qui méritait légalement la mort (Genèse 2.17). Sur cette base, la seule raison valide pour laquelle ces gens mouraient, c'était que l'humanité entière se trouvait condamnée à mort en Adam.

Certains de ceux qui réalisent qu'ils ne peuvent nier les faits décrits ci-dessus, et qui continuent pourtant à croire et enseigner que tous meurent parce que « tous ont péché » comme Adam, essaient de résoudre le problème en insistant qu'en Adam, nous subissons seulement la première mort, c'est-à-dire le sommeil, tandis que nos péchés personnels seraient responsables de la seconde mort. Un tel raisonnement peut paraître convaincant mais ne supportera pas le test de l'Écriture. Le mot « mort » dans Romains 5.12 apparaît deux fois, la première fois s'appliquant à Adam et la seconde à sa postérité, c'est-à-dire la race humaine. La même mort survenue à Adam, dit Paul, a été transmise à toute l'humanité.

Il est certain qu'Adam ne savait rien de la première mort avant sa chute et par conséquent, la sentence de mort prononcée sur Adam quand il pécha fut la seconde mort, adieu à la vie pour toujours. Et c'est cette mort qui est passée sur tous les hommes « en Adam ». En d'autres termes, en Adam toute la race humaine est légalement condamnée à mort. En outre, la première mort, le sommeil, que doivent subir à la fois croyants et incroyants, est devenue nécessaire à cause du plan de la rédemption. S'il n'y avait eu aucun « agneau immolé dès la fondation du monde », Adam aurait perdu la vie le jour même où il pécha, et la race humaine serait morte en lui pour l'éternité (la seconde mort) (Genèse 2.17). C'est seulement en Christ que nous pouvons passer de la mort éternelle à la vie éternelle (Jean 5.24 ; 1 Corinthiens 15.55-57 ; 2 Timothée 1.10 ; Apocalypse 20.6).

Tandis que nous examinons cette vérité, j'aimerais avertir le lecteur que nous ne devons pas aller au-delà des Écritures et enseigner que l'humanité hérite aussi de la culpabilité en Adam. C'est l'hérésie du « péché originel » qui fut introduite par Augustin et adoptée par l'Église catholique romaine. Le mot « culpabilité », quand il est employé dans un sens juridique, comporte toujours la notion de volonté ou de responsabilité ; or, Dieu ne nous tient pas responsable d'une situation dans laquelle nous n'avions aucun choix. C'est seulement quand nous rejetons le don de la vie éternelle en Christ d'une manière personnelle, consciente, persistante, délibérée et ultime (signifiant que nous choisissons délibérément la voie du péché et de la mort) que la culpabilité du péché et la seconde mort deviennent nôtres (Jean 3.18, 36 ; Marc 16.15-16 ; Hébreux 2.1-4 ; 10.14, 26-29).

Ayant établi notre situation en Adam aux versets 12 à 14 de Romains 5, Paul veut montrer aux versets 15 à 18 comment Adam est un type, une figure de Christ. Tout comme le geste d'Adam affecta l'humanité tout entière, de la même façon l'action de Christ le second Adam affecta toute la race humaine, mais dans un sens opposé. Car, contrairement à Adam, Christ a obéi l'opposé même de la désobéissance d'Adam. Selon Romains 5.15-18, le péché d'Adam amena un jugement de condamnation et de mort « sur tous les hommes ». De la même façon, l'obéissance de Christ non seulement racheta l'humanité des résultats du péché d'Adam, mais « bien plus », elle annula tous nos péchés personnels et apporta le verdict de « justification qui donne la vie » à tous les hommes (v. 16, 18 ; notez l'expression « plusieurs offenses » au verset 16, impliquant celles d'Adam plus nos péchés personnels). C'est là la bonne nouvelle inconditionnelle de salut que proclame l'évangile.

Continuant avec le verset 19, Paul ajoute une autre dimension au problème du péché d'Adam ; c'est qu'il a « fait » de tous les hommes des pécheurs. Ceci signifie qu'en plus de la condamnation et de la sentence de mort, nous sommes nés avec une nature pécheresse et donc esclaves du péché à cause de la chute. Il s'ensuit que l'homme naturel est incapable de produire la véritable justice, en lui-même et de lui-même (Romains 3.9-12 ; 7.14-25). Mais dans la seconde moitié du verset 19, Paul nous rappelle qu'à cause de l'obéissance du Christ, nous serons « rendus justes » (notez le temps futur ; ceci s'applique naturellement à Sa seconde venue, pour tous ceux qui le recevront [v. 17]). Et pour démontrer que le péché d'Adam nous a rendus esclaves du péché, Dieu donna Sa loi (v. 20 ; Romains 7.7-13). En d'autres termes, la loi survint ou fut donnée par Dieu, non pour résoudre le problème du péché mais pour le dévoiler, car elle montra comment le péché d'Adam a produit toute une race de pécheurs (notez que le mot « offense » au verset 20 est au singulier et se rapporte donc au péché d'Adam). Mais la bonne nouvelle est que là où le péché s'est multiplié à cause de la chute d'Adam, la grâce de Dieu en Christ a été multipliée encore plus. Ceci nous amène au prochain point important concernant le passage considéré. Vous remarquerez que lorsqu'il se réfère à Christ dans Romains 5.15-20, Paul mentionne deux choses qu'il n'applique pas à notre situation « en Adam ». Premièrement, ce que Dieu a accompli en Christ pour tous les hommes est présenté comme un « don » ou un « don gratuit ». Ceci signifie que, bien que tous les hommes aient été légalement justifiés par la vie et la mort de Christ, c'est un don et comme n'importe quel don, seuls ceux qui le reçoivent par la foi peuvent jouir de l'obéissance de Christ. Paul le montre clairement au verset 17 en employant le mot « recevoir » en parlant du don de la justice de Christ.

En second lieu, Paul utilise de façon répétée l'expression « à plus forte raison », en indiquant les bénédictions que nous recevons par l'obéissance de Christ. Ce qu'il veut dire par là, c'est qu'en Christ, il a été accompli bien davantage que de simplement réparer les dommages dont nous héritons en Adam. Par exemple, Christ a, par Sa mort, non seulement libéré l'humanité de la sentence de mort qui résultait du péché d'Adam mais bien plus, Il nous a rachetés de nos multiples offenses (personnelles) pour notre justification (v. 16). À nouveau, non seulement nous recevons la vie éternelle en Christ, le contraire de la mort éternelle, mais bien plus, nous régnerons (ou dirigerons) dans la vie par un seul, Jésus-Christ (v. 17 ; 8.17 ; Apocalypse 20.6 ; 22.5). C'est vraiment une grâce surabondante.

Il en découle que « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (v. 20). Par conséquent, Paul conclut avec cette prière au verset 21 : Puisque le péché a régné dans nos vies depuis notre naissance et le fera jusqu'à notre mort, que la grâce s'empare maintenant de la vie des croyants et y régne, produisant la justice, jusqu'à ce que vienne l'éternité.
  1. Selon Romains 5.11-19, le fait que je sois reconnu pécheur et condamné à mort ou que je sois déclaré juste (justifié) et qualifié pour la vie éternelle, est relié à l'histoire d'Adam ou de Christ. Je suis reconnu pécheur sur la base de la désobéissance d'Adam, ou je suis déclaré juste sur la base de l'obéissance de Christ.

  2. Si nous appartenons à l'humanité provenant d'Adam, nous sommes dès le départ pécheurs et condamnés à la mort éternelle. Par contre, si nous appartenons à l'humanité nouvelle issue de Christ, nous sommes déclarés justes et qualifiés pour la vie éternelle et pour le ciel. En d'autres termes, notre destinée éternelle repose sur l'humanité à laquelle nous choisissons d'appartenir.

  3. Tous les hommes sont par création « en Adam ». C'est la situation désespérée dont nous héritons et dans laquelle nous nous trouvons dès la naissance. Nous sommes donc « par nature des enfants de colère » (Éphésiens 2.3). Mais la bonne nouvelle, c'est qu'en Christ Dieu a donné à l'humanité une nouvelle identité et une nouvelle histoire. C'est là le don suprême qu'Il fait à l'humanité ; par conséquent, celui qui croit en Christ et qui est baptisé en Lui (Galates 3.27) sera sauvé (Marc 16.16). Autrement dit, notre position subjective en Christ s'obtient « par la foi ». Ce que Dieu a fait pour toute la race humaine en Christ (la délivrance du péché et de la mort qui sont remplacés par la justice et la vie éternelle) est accordé comme un don gratuit, une chose que nous ne méritons pas naturellement. C'est pourquoi ce don est identifié comme une grâce ou une faveur non méritée. Pour en faire l'expérience, il doit être reçu et rendu effectif par la foi seule.

  4. Adam et Christ appartiennent à des camps opposés qui ne peuvent être réconciliés. Adam est synonyme de péché et de mort, Christ de justice et de vie. Par conséquent, il est impossible pour quiconque d'appartenir subjectivement à Adam et à Christ en même temps. Accepter Christ par la foi signifie et implique que nous renoncions totalement à notre position en Adam (2 Corinthiens 5.17 ; 6.14-16). Le baptême est une déclaration publique que nous sommes morts au péché (notre position en Adam) et sommes ressuscités avec Christ en nouveauté de vie (notre position en Christ, Romains 6.1-4, 8 ; 2 Timothée 2.11) Ceci, incidemment, est d'une importance vitale pour notre sanctification (2 Corinthiens 4.10.11 ; Philippiens 3.9-11).

  5. Considérant ceci, la race humaine peut être divisée en deux groupes ou deux camps : la race d'Adam composée de nombreuses nations et tribus (Actes 17.26) et les croyants qui sont tous un en Christ (Romains 12.5 ; 1 Corinthiens 10.17 ; Galates 3.27-28 ; Éphésiens 4.11-13). À cause de l'évangile, l'homme a reçu le choix d'appartenir à 1'un ou l'autre de ces deux groupes. Nous pouvons conserver notre position en Adam par notre incrédulité et récolter les fruits de son péché ; ou nous pouvons, par la foi, nous unir à Christ et recevoir les bénéfices de Sa justice.

La Bible décrit ces deux groupes de différentes façons.
1 CORINTHIENS 15.19-23, 45-49

Nous découvrons dans ces versets que Paul répète la même idée qu'il présenta dans Romains 5.11-21. Le péché est entré dans la race humaine par un homme de la même façon que la résurrection qui donne la vie est venue sur tous par un seul homme. Voici, en bref, ce que disent ces versets de 1 Corinthiens 15 :

Versets 19, 20. Reprenant ceux qui nient la résurrection (voir verset 12), Paul fait remarquer ici que le grand espoir du chrétien, c'est la résurrection. Christ Lui-même ressuscité des morts constitue les prémices de ceux qui reposent encore dans leurs tombeaux « en Christ ». Paul poursuit alors en expliquant que cette espérance ne repose pas sur notre bonté, mais sur notre position en Christ.

Verset 21. Car puisque la mort est venue sur toute la race humaine par un homme (notez que le mot homme est au singulier et se réfère à Adam, verset 22), ainsi par un homme (c'est-à-dire Christ) est venue la résurrection des morts.

Verset 22. La mort est venue sur tous les hommes à cause de notre position en Adam. De la même façon, la résurrection et l'espérance de la vie éternelle viendront pour tous les hommes qui sont en Christ (notez les expressions « en Adam » et « en Christ », les deux impliquant la solidarité ou l'unité corporative). Verset 23. Christ, le prototype de tous ceux qui sont en Lui, est déjà ressuscité des morts, comme prémices. Mais ceux qui sont en Christ (c'est-à-dire les croyants) feront cette expérience au moment du second avènement.

Verset 45. Le premier Adam étant un être créé (c'est-à-dire ayant une vie qui a eu un commencement et peut donc avoir une fin) est devenu la source de notre vie créée. Le dernier Adam a introduit l'Esprit qui donne la vie (c'est-à-dire la vie éternelle).

Verset 46. La vie créée (ou la vie naturelle) est venue d'abord. L'Esprit qui donne la vie est venu par la suite.

Verset 47. Le premier homme (Adam) a été fait de la poussière de la terre et tel a été le genre de caractère qu'il a produit (charnel). Le second homme (Christ) était du ciel, le Fils de Dieu, et le caractère qu'Il a manifesté était divin (spirituel, Romains 1.4).

Verset 48. Comme les enfants terrestres (Adam) reflètent la nature et le caractère du terrestre (c'est-à-dire du péché), ainsi ceux qui appartiennent au céleste (Christ) refléteront le caractère et la nature céleste (c'est-à-dire la justice).

Verset 49. Et comme nous sommes tous par nature une reproduction de l'image terrestre adamique, de même nous refléterons pleinement l'image de la nature ressuscitée de Christ à Sa seconde venue (v. 50-54 ; Romains 8.23-25 ; Philippiens 3.20-21).

Selon 1 Corinthiens 15.21-23, 45-49, il n'y a eu que deux chefs de la race humaine : Adam et Christ. Il n'y en aura jamais d'autre, car Christ est désigné comme le « dernier Adam » (v. 45). Sur ces deux chefs repose la destinée de toute la race humaine. Adam est le prototype de l'humanité non rachetée, tandis que Christ est le prototype de l'humanité rachetée. Ce qui est vrai d'Adam est vrai de son peuple et ce qui est vrai de Christ est aussi vrai de Son peuple. La situation d'Adam après la chute est la situation de tous les non-rachetés tandis que ce qui fut réalisé par Christ pour tous les hommes sera la situation de tous les rachetés : « Comme tous meurent en Adam, de même tous revivront en Christ » (verset 22).

La résurrection de Christ est la garantie que tous ressusciteront : ceux qui L'auront délibérément rejeté ressusciteront pour la mort éternelle et ceux qui L'auront reçu par la foi ressusciteront pour la vie éternelle. Ce n'est pas notre (propre) justice mais la justice de Christ qui nous qualifie pour le ciel, maintenant et au jugement.

Au verset 45, Adam est appelé le premier Adam, alors que Christ est désigné comme le dernier Adam. Au verset 47, Adam est désigné comme le « premier homme », alors que Christ est appelé le « second homme ». Ces termes qui font référence à Christ comportent d'importantes implications. En tant que dernier Adam, Christ était la somme de tout ce qui venait du premier Adam. En tant que second homme, Il est le chef d'une race humaine nouvelle et rachetée. Ayant rassemblé en Lui tout ce qui venait du premier Adam, Christ, en tant que dernier Adam, a remplacé toute la race adamique par Sa mort sur la croix (2 Corinthiens 5.14 ; 1 Pierre 2.24).

Sur la croix, Il est mort, Il a goûté la seconde mort en tant que substitut ou représentant de toute la race humaine (Hébreux 2.9). De cette façon, Il a aboli la mort (2 Timothée 1.10). En remplaçant toute la race d'Adam à la croix et en satisfaisant aux justes exigences de la loi à notre place, Christ S'est qualifié en ressuscitant pour être le second homme, le chef d'une nouvelle humanité rachetée (2 Corinthiens 5.17) qui se trouve maintenant en Lui. C'est sur ce fait seul que repose notre bienheureuse espérance et nous languissons de Le voir revenir afin d'être entièrement semblables à Lui (Philippiens 3.20-21).

CONCLUSION

Selon le clair enseignement des deux Adams, notre espérance repose entièrement sur Christ notre justice, car « par les oeuvres de la loi, personne ne sera justifié devant Dieu » (Romains 3.20, Galates 2.16). Mais ceux qui sont justifiés par la foi en Christ vivront (Romains 1.17 ; Hébreux 2.4 ; Philippiens 3.9).

À la création, Dieu fit Adam de la poussière de la terre et lui insuffla le souffle de vie de sorte qu'Adam devint une personne vivante corporative (Genèse 2.7). Cette vie collective qu'Adam reçut de Dieu était une vie parfaite et non pécheresse qui était dirigée par l'Esprit, de sorte qu'elle était dominée par l'amour désintéressé, l'agapé, ayant été créée à l'image de Dieu qui est Lui-même agapé (Genèse 1.26 ; Jean 4.24 ; 1 Jean 4.8-16). Ayant créé Adam et sa compagne Ève tirée de son côté, Dieu ordonna à Adam de multiplier sa vie et de remplir cette terre d'hommes et de femmes devant tous refléter le caractère de Dieu (Genèse 1.28). C'était à l'origine l'objectif de Dieu pour ce monde.

Malheureusement, avant qu'Adam et Ève aient commencé le processus de multiplication, ils tombèrent dans le péché, ce qui affecta la vie corporative d'Adam de trois façons :
  1. Sa vie sans péché devint une vie de culpabilité due au péché (Genèse 2.17 ; 3.6-7)

  2. Sa vie de culpabilité tomba sous la condamnation de la loi et dont la punition est la mort (Ézéchiel 18.4, 20).

  3. Sa vie parfaite non pécheresse devint une vie pécheresse de sorte qu'au lieu d'être contrôlée par l'Esprit d'agapé, elle tomba sous l'esclavage du péché (amour de soi) et du diable (Ésaïe 53.6 ; Jean 8.34 ; Philippiens 2.21 ; 2 Pierre 2.19).

Puisque la race humaine est la multiplication de la race d'Adam (Actes 17.24-26, le sang symbolisant la vie, Genèse 9.4 ; Lévitique 17.11 ; Deutéronome 12.23), par conséquent les trois aspects cités ci-dessus concernant la vie d'Adam furent transmis à la race humaine. Il s'ensuit que cette vie que nous recevons à la naissance est :
  1. Une vie qui a péché (Romains 5.12).

  2. C'est une vie sous l'esclavage du péché et du diable (Jean 8.34 ; Romains 7.14 ; 1 Jean 3.8).

  3. C'est une vie qui est en dette avec la loi (Romains 7.1). Cela signifie que la loi exige son dû et quand les justes exigences de la loi sont satisfaites, il ne nous reste plus rien sinon la mort éternelle (Jean 3.36 ; 1 Corinthiens 15.22, Apocalypse 20.14-15). Telle est notre situation « en Adam » et nous ne pouvons rien faire nous-mêmes pour changer ou modifier ces faits. « En Adam », nous avons tous péché, sommes sous l'esclavage du péché et devons tous mourir. En d'autres termes, sans l'évangile nous sommes désespérément perdus et condamnés pour toujours.

C'est pour nous délivrer de cette situation et rétablir le dessein premier de Dieu pour l'homme que Christ a été fait chair. Il est venu ici-bas en tant que second chef de la race humaine et a inauguré le règne de la grâce par Sa vie parfaite, Sa mort et Sa résurrection. Par conséquent, « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon son abondante miséricorde, nous a engendrés de nouveau pour que nous ayons, par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts, une espérance vivante » (1 Pierre 1.3). Ainsi donc, alors que la race humaine déchue est la multiplication de la vie pécheresse d'Adam, nous pouvons dire que l'Église (décrite dans le Nouveau Testament comme le corps de Christ - Romains 12.5 ; 1 Corinthiens 12.13-14) est la multiplication de la vie de justice de Christ (Romains 8.29 ; Hébreux 2.11 ; 1 Jean 3.1-2). C'est là le fondement sur lequel doit être construite l'Église.

En conséquence, rendons grâces à Dieu pour Son don inexprimable (2 Corinthiens 9.15) qui a transformé notre situation désespérée en Adam et a donné au genre humain une nouvelle identité et une nouvelle espérance en Christ. Par l'évangile, nous recevons la vie même de Christ (ceci se réalise à la conversion ou lors de la nouvelle naissance, Jean 3.3-6). Cette vie que nous recevons par la foi en Christ est :
  1. Une vie qui a parfaitement obéi à la loi et l'a observée dans ses moindres détails dans notre humanité corporative que Christ a assumée (Matthieu 5.17 ; Romains 10.4).

  2. Une vie qui a condamné et vaincu le pouvoir du péché dans la chair (Jean 8.46 ; Romains 8.2-3).

  3. Une vie qui fut soumise par Christ au plein salaire du péché sur la croix (Romains 5.8-10 ; Philippiens 2.8).

  4. Une vie qui a vaincu la mort et le tombeau (1 Corinthiens 15.55-58 ; Hébreux 2.14-15).

Tous ces faits deviennent une réalité pour nous quand nous recevons cette vie par la foi. Celle-ci commence par nous justifier puisqu'elle a parfaitement obéi à la loi et à ses justes exigences en raison de nos péchés ; ensuite cette vie est capable de nous délivrer complètement de l'esclavage du péché et de produire en nous la justice même de Christ puisqu'elle l'a déjà accomplie dans Son humanité (1 Timothée 3.16). Finalement, cette vie nous ressuscitera des morts et nous garantit la vie éternelle car elle est la vie éternelle (Jean 3.36 ; 6.27 ; 1 Jean 2.25).

Ce sont là les privilèges accordés à tous ceux qui sont en Christ. Et si nous apprenons à vivre par Sa vie, au lieu de vivre notre vie naturelle, alors nous demeurons véritablement en Lui (Jean 15.4-8) et marchons dans la lumière (1 Jean 1.6-7) ou dans l'Esprit (Romains 8.4 ; Galates 5.16) ; et les fruits d'une telle vie seront agréables à Dieu. Quand nous arrivons à l'étude de l'évangile subjectif, nous découvrons que c'est la vie de Christ habitant en nous et nous dominant qui est le moyen de notre sanctification : « Christ en vous, l'espérance de la gloire » (Colossiens 1.27). En Christ nous possédons une vie qui a plus de puissance que le diable et la puissance du péché (1 Jean 4.4). Et quand cette nouvelle vie remplacera l'ancienne, le péché sera mortifié dans nos corps et Christ y sera révélé (Romains 8.9-14). Ainsi la terre sera illuminée de la gloire de Dieu au travers de Son peuple (Apocalypse 18.1). Ce sera la démonstration ultime de Dieu avant la venue de Christ (Apocalypse 10.7).

Ayant fait cet exposé détaillé de ces deux passages sur les deux Adams, résumons-en maintenant les conclusions pour que tout soit bien clair :

LES DEUX ADAMS EN RÉSUMÉ

  1. Le péché d'Adam a soumis toute la race humaine à la sentence de mort, à la fois la première et la seconde mort. La première mort étant nécessaire à la réalisation de l'objectif de l'évangile et la seconde étant le salaire réel du péché.

  2. L'obéissance de Christ a fait deux choses pour toute la race humaine :

    1. elle a sauvé toute l'humanité de la seconde mort, le salaire du péché, et

    2. elle a apporté le verdict de justification qui donne la vie à tous les hommes.

    Note : Puisque les croyants meurent de la première mort, il est manifeste que l'évangile nous sauve seulement de la seconde mort (Apocalypse 20.6). Sur la croix, Christ a goûté et aboli seulement la seconde mort, la malédiction de la loi (Hébreux 2.9 ; 2 Timothée 1.10 ; Galates 3.13).

  3. Toute la force du parallèle de Romains 5.12-21 entre Christ et Adam dépend du concept de solidarité du genre humain en Adam et en Christ. Dans la grande majorité des 510 fois où le mot Adam est employé dans l'Ancien Testament, il possède une signification collective. Dans le même sens, Christ est considéré comme le second ou le dernier Adam dans le Nouveau Testament.

  4. La délivrance de la seconde mort et le verdict de la justification qui donne la vie constituent le don suprême de Dieu en Christ à toute l'humanité (Jean 3.16). C'est la Bonne Nouvelle de l'évangile. Mais comme tout don, il doit être reçu pour en bénéficier (Romains 5.17). Ceux qui, sciemment, volontairement et avec persistance rejettent le don divin du salut en Christ (l'évangile), choisissent délibérément la seconde mort au lieu de la vie éternelle. Par conséquent, lors du jugement, Dieu leur accordera ce qu'ils ont choisi délibérément et ils n'auront qu'eux-mêmes à blâmer (ce qu'ils feront d'ailleurs) quand ils feront face à la seconde mort (Jean 3.18, 36 ; Marc 16.15-16, Romains 14.11).

  5. Chaque bébé est né subjectivement sous le règne du péché, de la condamnation et de la mort, à cause de la chute d'Adam (Romains 3.9-20). Continuer à vivre sous le règne du péché et de la mort et résister à la grâce de Christ aboutira à la seconde mort. Mais objectivement, Christ a, par Sa vie et Sa mort, sauvé toute l'humanité de ce règne et placé le genre humain sous le « règne » de la grâce, de la justice et de la vie éternelle. Accepter le don de la grâce par la foi, c'est dire adieu au règne du péché et de la mort, et passer sous le règne de la grâce et de la justice ayant pour fin la vie éternelle (Romains 5.21 ; 6.14, 22-23).

  6. Vous ne pouvez pas choisir de rester en Adam et en même temps accepter par la foi d'être en Christ. Recevoir Christ, l'auteur de la justice, signifie dire adieu à Adam, l'auteur du péché (Romains 6.15-18).

  7. Votre destinée éternelle dépend de l'humanité que vous avez choisie. L'incrédulité consiste à choisir délibérément de rester en Adam et sous le règne du péché et de la mort. La foi signifie choisir volontairement d'être en Christ et opter pour le règne de la justice et de la vie éternelle. C'est pour cette raison que Dieu ne mettra pas fin à la triste histoire de ce monde méchant tant que l'évangile n'aura pas été prêché « dans le monde entier pour servir de témoignage » (Matthieu 24.14).

Chacun de nous sera jugé au jour du jugement sur la base du choix délibéré que nous aurons fait concernant les deux Adams. « Je prends aujourd'hui à témoin contre vous les cieux et la terre que j'ai mis devant vous la bénédiction et la malédiction. Choisissez donc la vie afin que vous viviez, vous et votre postérité » (Deutéronome 30.19).

Pour conclure cette étude très importante, nous devons souligner que non seulement cette vérité sur les deux Adams est de la plus haute importance pour notre compréhension de l'évangile objectif et de la justification par la foi, mais elle est aussi d'une grande valeur pratique pour notre expérience chrétienne puisque les fruits de cette doctrine sont la sainteté de vie, la sanctification. C'est pour cette raison que Christ a déclaré : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira » et « Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libre » (Jean 8.32, 36).